Pour la plupart, choisir d’être expatrié, c’est avant tout choisir de vivre au sein d’un autre pays et par conséquent d’une autre culture. C’est la volonté de s’adapter à d’autres coutumes, d’autres habitudes. C’est donc s’ouvrir l’esprit. Et pour ce faire, il est parfois nécessaire de s’éloigner des personnes de même nationalité. Certains expatriés ont volontairement décidé de totalement fuir les francophones, et c’est le cas à Malte également. On constate deux raisons principales à cela : le comportement de certains Français à Malte et les projets de chacun. On rentre dans le détail dans cet article.
La vision des Français à l’étranger
Chaque nationalité est vue différemment à l’étranger. On a tous des avis sur les uns et les autres. « Les Italiens sont tellement bruyants », « Les Irlandais passent leur temps à picoler », « les Chinois sont timides et sectaires » … et les Français ? On n’échappe pas à la règle, de très nombreux avis circulent sur nous, fondés ou non.
Des Français qui veulent rester entre eux
« Je ne supporte pas ces Français qui ont leur groupe de potes à Malte, tous français » confesse Tanguy, 36 ans, expatrié à Malte depuis maintenant 7 ans. « Quel est l’intérêt de t’expatrier, si tu restes constamment avec des Français ? Si ton pays te manque, si ta vie sociale française te plaisait, pourquoi avoir choisi de partir ? ».
On constate effectivement beaucoup de Français ayant formé leur cercle social autour de leurs compatriotes français. C’est un fait. Il est très facile à Malte de se faire des connaissances ou amis Français, car nous sommes assez nombreux à vivre sur cette petite île. Les opportunités de rencontres entre Français sont donc multipliées. Il peut également être rassurant de se rapprocher des personnes de même nationalité lorsque nous vivons à l’étranger.
« Salut, je viens d’arriver à Malte, y a des Français chauds pour sortir ce soir ?! »
On trouve très souvent ces posts sur le groupe Facebook : Français à Malte par exemple. Alors pourquoi une telle envie de se retrouver entre Français ?
La facilité tout d’abord : pas de barrière de la langue, on se comprend, on est nous-mêmes. On peut s’exprimer sans difficultés, on partage la même histoire et la même culture. Autre raison, la peur de l’inconnu. S’éloigner des Français, c’est devoir faire un pas vers les autres, se faire une place dans un monde inconnu et parfois se sentir seul. C’est ne pas pouvoir montrer qui l’on est vraiment avec la possible barrière de la langue. C’est dépenser de l’énergie à comprendre les autres, à parler anglais. Et c’est prendre plus de temps pour trouver une personne avec laquelle on a de réels atomes crochus, différence de culture oblige.
La reproduction du schéma de vie français
« Vivre à Malte, c’est ne pas avoir les produits que tu trouvais en France. Tu dois te passer des baguettes fraîches, des boulangeries, du vin et du fromage français. Et c’est normal, Malte n’est pas la France ! A la place, tu découvriras énormément de choses introuvables en France. Ça fait partie de la vie d’expatrié, il faut savoir s’adapter. » Agathe, 32 ans, expatriée depuis 2 ans.
Vivre dans un pays étranger, c’est effectivement devoir faire ses adieux aux bons produits français, si l’on veut vivre comme un vrai expatrié. Pourtant, de très nombreux Français recherchent dès leur arrivée à reproduire la vie qu’ils avaient en France.
« Vous savez où je peux trouver de la crème fraîche ici ? » Oui, on peut trouver de la crème fraîche, comme on peut trouver des baguettes (le Grenier à Pain de Malte nous fait plaisir) ou du fromage. Au-delà de votre budget alimentaire qui doublera simplement, c’est aussi votre intégration dans votre pays d’adoption qui sera mise à mal. Pas de vin français ? Et alors ! Même si vous pouvez en trouver dans certaines boutiques spécialisées, profitez-en pour goûter le vin rouge chilien, le blanc californien ou le Chianti italien. Pas de fromage à raclette ? Faîtes-vous aussi plaisir et faîtes-vous livrer (merci Time to Eat) de bons burgers réconfortants, des mac and cheese ou encore des plats riches et typiques comme le braggioli. En deux mots : adaptez-vous ! On peut trouver des cuisines du monde entier à Malte, c’est justement l’occasion de découvrir d’autres cultures gastronomiques.
Des Français critiques
« En vivant à l’étranger, tu te rends vraiment compte à quel point les Français sont critiques, pour tout. Il fait pas beau ? Ils se plaignent. Il fait trop chaud ? Ils râlent. Il y a la queue à la caisse du Greens Supermarket ? Ils soufflent. Ils ramènent une négativité à toute épreuve, et on peut les reconnaître de loin rien qu’à leur comportement. Personne n’est un arbre. Si ta vie ne te plaît pas, tu peux partir. Les Français ne sont pas tolérants de manière générale, et c’est pour ça que je suis parti de France, pour ça aussi que j’évite les Français à Malte. » Adrien, 28 ans, expatrié depuis 6 mois.
Les Français expatriés sont effectivement considérés comme intolérants. Intolérants vis-à-vis des différences de cultures et de valeurs que l’on rencontre à l’étranger. Il leur manquerait une ouverture d’esprit et une acceptation des façons de vivre de chacun. Ils seraient trop à juger les uns et les autres. C’est un comportement que l’on apprend à modifier avec le temps à l’étranger.
Il est vrai qu’à Malte, certains comportements de locaux peuvent paraître perturbants et radicalement opposés à notre façon de vivre en France : les travaux tôt le matin ou le laxisme professionnel par exemple. Il faut savoir l’accepter, chaque pays est différent et il faut encore une fois s’adapter au pays dans lequel on a choisi de résider.
Des Français supérieurs
« Vous n’êtes pas supérieurs aux autochtones, vous êtes chez eux. Et cela ne fait pas de vous des conquistadors. C’est à vous de vous faire à la vie locale et de vous y intéresser. La langue est différente, l’accent est différent, le style vestimentaire est différent, tout au quotidien est différent. A Rome on fait comme les Romains, pas comme les Français » Elise, 42 ans, expatriée depuis 8 ans.
Il n’est effectivement pas rare de voir des Français partir du principe que leur contrat de location à Malte sera rédigé en français, et que leur propriétaire parlera français.
« Mais, il n’y a pas d’adaptateurs français pour les prises ?! ». Non, les Français ne sont pas les seuls expatriés à Malte, ils ne représentent qu’une partie des nombreux étrangers sur l’île. On n’y parlera donc pas français, tout comme les documents ne seront pas rédigés en français.
Le Français est très souvent vu par les étrangers mais aussi par certains expatriés francophones, comme arrogant et snob. Outch ! C’est cette supériorité de certains qui donnent une image globale assez négative des Français à l’étranger.
Des projets et des ambitions spécifiques
Ces expatriés français refusant de se mêler à leurs compatriotes ont tous une raison particulière de le faire. Au-delà des témoignages vus précédemment, s’éloigner des Français est un réel challenge.
Vivre à Malte pour être bilingue
« Moi je suis venue vivre à Malte pour parler anglais, et devenir bilingue. Comment espérer une immersion totale en étant entourée de Français et en parlant français au quotidien ? C’est impossible. J’ai donc fait le choix de ne pas créer de lien avec des Français, et au contraire de m’entourer d’expatriés internationaux, mais aussi de Maltais. C’est un choix que j’assume entièrement. » Marion, 29 ans, expatriée depuis 9 mois
S’éloigner des Français peut faire partie d’un projet et d’une ambition bien particulière, comme devenir bilingue. Il est vrai que ce processus prend plusieurs années et demande un effort particulier pour se plonger entièrement dans un monde anglophone. Sur une île aussi petite que Malte, il faut prendre les mesures nécessaires pour y parvenir.
Si vous avez ce projet, vous pouvez lire notre article sur la façon de devenir bilingue à Malte.
Une décision difficile à prendre et à tenir
« Je ne vous cache pas que ça a été très difficile, et ça l’est encore aujourd’hui. J’ai mis du temps à créer de véritables amitiés avec des étrangers, car la culture est différente et quoi que l’on dise, il y a une certaine barrière naturelle, due à nos différences pourtant si enrichissantes. Il faut du temps et de la persévérance. Et quand je voyais des groupes de Français, amis depuis quelques mois ou années à Malte, effectivement ça me donnait envie au départ. Je me suis senti seul et mal. Mais j’ai su rebondir, je suis sorti, j’ai participé à des événements d’expats internationaux et maintenant j’ai enfin réalisé mon objectif. Je me suis fait des amis étrangers, de vrais amis. Et malgré toutes nos différences, je sais que ces amitiés-là sont véritables. Pour rien au monde je ne reviendrais en arrière. » Benjamin, 31 ans, expatrié depuis 3 ans
S’éloigner des Français et de notre culture, quand elle est si proche de nous à l’étranger, peut être très difficile. Bien sûr, il y a la présence immédiate des Français à Malte. L’île est si petite qu’il est impossible de ne jamais en croiser ou en entendre. Vous ne pourrez pas vivre totalement reclus(e) et à l’écart des Français à Malte.
Ensuite, se rapprocher de nos semblables est une tentation en elle-même, c’est humain. On aura beau avoir la meilleure volonté du monde, le besoin de nos racines se fait ressentir tôt ou tard, et avoir quelques amis français peut être vital pour se sentir bien dans notre pays d’adoption.
Décider de ne pas côtoyer de Français peut donc être une souffrance pour certains ou entraîner un simple manque gérable chez d’autres.
Pour conclure
On peut distinguer 2 types d’expatriés. Les expatriés de longue date, qui ont naturellement une ouverture d’esprit et s’adaptent au pays au sein duquel ils ont décidé de vivre. Et les expatriés temporaires, qui vivent parfois leur premier voyage à l’étranger, ceux qui restent uniquement quelques mois à quelques années, avant de rentrer en France. Ces derniers peuvent effectivement avoir des comportements qui vont à l’encontre du but premier de l’expatriation et de cette expérience que l’on devrait tous en faire.
Certains expatriés ont donc décidé de ne plus côtoyer les Français. Mais n’oublions pas que chacun vie différemment son expérience, qu’on ne peut mettre tout le monde dans des cases. Des expatriés sur l’île pour un temps seulement vont vouloir s’intégrer totalement à leur pays d’adoption, quand des expatriés depuis 10 ans pourront être entourés de Français.
Les Français souffrent d’une certaine réputation, c’est donc à chacun de faire en sorte de montrer une autre facette de notre culture et de changer petit à petit notre image au sein des expatriés et des étrangers.
Rédigé par Méline – Team Oh My UP